Source : Toute l’Europe

De la fin de l’URSS à l’intervention russe en Géorgie

Avec l’effondrement de l’Union soviétique, l’Ukraine redevient officiellement indépendante le 24 août 1991. Après 1991, plusieurs républiques ex-soviétiques héritent d’une partie de l’arsenal nucléaire de l’ex-URSS. Kiev est d’abord réticente à l’idée de démanteler l’ensemble de ses armes nucléaires, à cause notamment des dangers qui pèsent sur l’indépendance de son Etat et de la montée du nationalisme russe. Mais après une longue négociation, les chefs d’Etat américain Bill Clinton et russe Boris Eltsine signent en janvier 1994 un accord trilatéral avec l’Ukraine pour garantir la dénucléarisation du pays.

A cette occasion, le président américain Bill Clinton annonce que cette décision ouvre les portes d’une coopération militaire entre l’Otan et l’Ukraine.

Fin 1994, l’Otan se déclare en effet ouverte à l’adhésion de pays démocratiques d’Europe orientale. Une position critiquée par la Russie, qui reproche aux Etats-Unis leur volonté d’expansion, mais qui se concrétise avec l’intégration de la Hongrie, de la Pologne et de la République tchèque au sein de l’Alliance atlantique le 8 juillet 1997.

Entretemps, le 27 mai 1997, est signé l’Acte fondateur Otan-Russie. Cet accord de coopération et de partenariat vise à construire une paix durable en Europe et une sécurité mutuelle entre l’Alliance atlantique et la Fédération de Russie. A travers des consultations régulières entre les parties, ce traité doit contribuer à instaurer une relation de confiance entre Moscou et ses voisins européens, et ainsi entériner la pacification des relations entre l’Occident et la Russie dans le contexte post-Guerre froide. Avec la signature de cet accord, dans le but de rassurer Moscou, l’Otan affirmen’avoir aucune intention […] de déployer des armes nucléaires sur le territoire des nouveaux membres” ni d’y stationner des forces de combat permanentes.

Nouveau président de la Russie à partir du 31 décembre 1999, Vladimir Poutine tente d’abord un rapprochement avec l’Alliance atlantique, allant jusqu’à évoquer la possibilité d’une intégration de son pays à l’Otan. Mais d’autres ex-membres du bloc soviétique (Estonie, Lituanie, Lettonie, Roumanie, Slovaquie, Bulgarie) rejoignent à leur tour l’organisation le 29 mars 2004. Cette nouvelle adhésion dans l’Otan de pays de l’ex-URSS pousse Vladimir Poutine à changer de position, notamment lorsque se posera la question d’y faire adhérer la Géorgie et l’Ukraine quelques années plus tard.

En novembre 2004, une partie du peuple ukrainien se révolte pour contester la réélection truquée du président pro-russe Viktor Ianoukovytch et demander un rapprochement avec l’Union européenne. C’est la révolution orange, qui porte au pouvoir l’un de ses meneurs, l’opposant Viktor Iouchtchenko, après un troisième tour organisé en décembre. Si l’Ouest du pays vote majoritairement pour M. Iouchtchenko, l’Est majoritairement russophone se prononce largement en faveur de M. Ianoukovytch.

Carte de l'Ukraine, illustrant la division (à partir d'un recensement de 2001) entre une partie occidentale comprenant une très faible proportion de population russophone et une partie orientale - principalement le Donbass et la Crimée - affichant une part importante d'habitants russophones - Crédits : Prachatai / Flickr
Carte de l’Ukraine illustrant la division (à partir d’un recensement de 2001) entre une partie occidentale comprenant une très faible proportion de population russophone et une partie orientale – principalement le Donbass et la Crimée – affichant une part importante d’habitants russophones – Crédits : Prachatai / Flickr

Sous la nouvelle présidence de 2005 à 2010, l’Ukraine se rapproche ainsi de l’Union européenne. Des négociations sur un accord d’association sont lancées à partir de 2007 (le texte ne sera signé qu’en 2014). De son côté, la Russie tâche de conserver son influence à l’est de l’Ukraine, notamment en Crimée où l’armée russe occupe le phare du cap Sarytch à partir d’août 2005.

Dans un discours prononcé le 10 février 2007 à l’occasion de la Conférence de Munich sur la sécurité, Vladimir Poutine fustige l’interventionnisme américain et l’installation de bases de l’Otan aux frontières de la Russie (“on voit apparaître en Bulgarie et en Roumanie des bases américaines […] de 5 000 militaires chacune”, déclare notamment le président russe), en violation des “promesses” occidentales de ne pas étendre les limites de l’organisation en direction de l’URSS. Des engagements qui figurent explicitement dans les comptes-rendus de discussions des années 1990-1991 entre Mikhaïl Gorbatchev et les dirigeants de l’Ouest sur l’appartenance de l’Allemagne réunifiée à l’Otan, sans pour autant avoir été formalisés dans un traité. Ils sont depuis utilisés par le Kremlin, de Boris Eltsine à Vladimir Poutine, pour dénoncer la “trahison” des Occidentaux.

En avril 2008, lors du sommet de Bucarest, l’Alliance entérine la perspective d’adhésion de la Géorgie et de l’Ukraine. Le président russe Dmitri Medvedev déclare alors qu’aucun pays ne serait satisfait à l’idée de voir un bloc militaire s’approcher de ses frontières.

En août 2008, l’armée de Géorgie lance un assaut contre les séparatistes d’Ossétie du Sud, soutenus par la Russie, entraînant en retour une intervention militaire de cette dernière pour appuyer les rebelles. Au terme d’un conflit rapidement remporté par Moscou, les parties signent entre le 12 et le 16 août un plan de paix réalisé sous la médiation du président français Nicolas Sarkozy, qui assume alors la présidence du Conseil de l’Union européenne. Le 25 août, la Russie déclare reconnaître l’indépendance de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie, une décision condamnée par plusieurs capitales occidentales.

21 novembre 2013 : le président ukrainien Viktor Ianoukovytch refuse de signer un accord avec l’UE et se tourne vers la Russie

Principal opposant au président Viktor Iouchtchenko, Viktor Ianoukovytch lui succède à son tour en 2010. Ouvertement pro-russe, il tourne brusquement le dos à l’Union européenne en novembre 2013, avec laquelle l’Ukraine prévoyait de signer un accord d’association (en négociation depuis 2007). Souhaitant relancer les relations avec Moscou, il obtient la levée des barrières douanières avec la Russie, la promesse d’une baisse du prix du gaz russe ainsi qu’un prêt de plusieurs milliards de dollars. Cette volte-face suscite de vives protestations en Ukraine et provoque l’apparition du mouvement “Euromaïdan” de novembre 2013 à février 2014. Celui-ci débouche sur la “révolution de février” (ou “révolution de Maïdan”), la démission du président Viktor Ianoukovytch et sa fuite en Russie. Ces contestations sont marquées par une extrême violence et des centaines de morts, dont plusieurs sont tués par les forces policières.

La manifestation "Euromaïdan" à Kiev, le 27 novembre 2013 - Crédits : Evgeny Feldman / Wikimedia Commons
La manifestation “Euromaïdan” à Kiev, le 27 novembre 2013 – Crédits : Evgeny Feldman / Wikimedia Commons

Fin février – début mars 2014 : manifestations “Antimaïdan” dans l’est de l’Ukraine et sécession de Donetsk et de Louhansk

A la suite des manifestations “Euromaïdan”, un gouvernement de nouveau favorable au rapprochement avec l’Union européenne prend la relève en Ukraine à partir du 23 février. A compter de la fin du mois de février 2014, cette séquence débouche sur des contestations “Antimaïdan” dans de nombreuses villes de l’est de l’Ukraine ainsi qu’en Crimée. Les soulèvements pro-russes s’amplifient en avril 2014 lorsque des séparatistes occupent les bâtiments gouvernementaux des villes de Donetsk, Louhansk et Kharkiv. A la suite de référendums locaux, deux entités indépendantes aux noms de “République populaire de Donetsk” et “République populaire de Louhansk” sont auto-proclamées. Les référendums d’autodétermination ne sont reconnus ni par l’Union européenne, ni par les Etats-Unis, ni par la Russie qui se contente du silence (mais qui les reconnaîtra en février 2022). Kiev considère ces territoires séparatistes comme tenus par des organisations terroristes.

Carte de l'Ukraine avec les territoires du Donbass (en marron) en guerre civile et la Crimée (en violet) annexée par la Russie - Crédits : RGloucester / Wikimedia Commons
Carte de l’Ukraine avec les territoires du Donbass (en orange) en guerre civile et la Crimée (en violet) annexée par la Russie – Crédits : RGloucester / Wikimedia Commons

Mars 2014 : la Crimée et Sébastopol sont annexés par la Russie

Pendant ce temps, des séparatistes pro-russes, avec le soutien du président Vladimir Poutine, s’emparent de la ville ukrainienne de Sébastopol, capitale de la péninsule de Crimée. En effet, ceux-ci sont aidés par les “petits hommes verts”, des soldats d’une société militaire privée travaillant sous contrat avec l’Etat russe pour intervenir en Crimée (mais selon l’Ukraine, il s’agit littéralement de militaires russes). Moscou nie toute présence de ses soldats sur le territoire ukrainien et défend l’idée qu’il s’agit simplement de forces d’autodéfense locale. Le 11 mars 2014, le parlement de Crimée déclare l’indépendance du territoire. Le rattachement de la Crimée à la Russie a officiellement lieu cinq jours plus tard, après un référendum. L’Ukraine n’a d’autre choix que de retirer ses troupes et d’abandonner le contrôle de la région. Le 17 mars 2014, l’Union européenne soumet la Russie à ses premières sanctions pour son action dans la crise ukrainienne et pour l’annexion de la Crimée. Ces mesures (principalement économiques) seront reconduites tous les six mois sans interruption.

25 mai 2014 : élection du pro-européen Petro Porochenko à la présidentielle ukrainienne

Le conflit du Donbass gagne en intensité lorsque, début mai 2014, l’armée ukrainienne lance une grande opération militaire afin de reprendre les villes contrôlées par les sécessionnistes. L’élection présidentielle de mai 2014 porte Petro Porochenko, soutien de la révolution de Maïdan, au pouvoir dès le premier tour. Il propose le 20 juin 2014 un plan de paix, mais le cessez-le-feu n’est pas respecté et les actions militaires s’accentuent. Petro Porochenko interdit également toute coopération avec la Russie et s’oppose à un rétablissement des liens diplomatiques (quasiment rompus dès son arrivée au pouvoir) avec Vladimir Poutine sans retour de la Crimée sous l’autorité de l’Ukraine.

6 juin 2014 : premier entretien au “format Normandie”

François Hollande, Angela Merkel, Vladimir Poutine et Petro Porochenko se rencontrent en Normandie à l’occasion du soixante-dixième anniversaire du débarquement allié. Il s’agit de la première réunion entre le président russe et son homologue ukrainien depuis l’éclatement du conflit à l’est de l’Ukraine. Ces rendez-vous quadripartites (“format Normandie”) entre la France, l’Allemagne, la Russie et l’Ukraine se succéderont en vue de poser les bases d’un cessez-le-feu.

27 juin 2014 : l’Ukraine signe un accord de libre-échange avec l’Union européenne

Après un premier volet politique signé en mars 2014, l’accord d’association entre l’Ukraine et l’UE est conclu le 27 juin 2014 avec la signature de son volet économique. Ce traité engage l’Union et l’Ukraine à coopérer sur leurs politiques économiques et à établir des règles communes (droits des travailleurs, suppression des visas, accès à la Banque européenne d’investissement…). La Russie prévient, par la voix d’un haut diplomate russe, que l’accord aura de “graves conséquences”. Il est ratifié par l’Union européenne le 11 juillet 2017 et entre définitivement en vigueur le 1er septembre suivant.

17 juillet 2014 : crash du vol MH17 abattu dans la région de Donetsk

Début juillet 2014, l’armée ukrainienne reprend plusieurs villes de la région de Donetsk et repousse les pro-russes. Le Boeing 777 de la compagnie Malaysia Airlines, assurant le vol MH17, est abattu au-dessus de la région par un missile, tuant les 298 passagers dont deux tiers de Néerlandais. Si les différentes parties au conflit s’accusent mutuellement de l’origine du tir, l’hypothèse d’un type de missile sol-air que les séparatistes savent utiliser prévaut. La crise s’internationalise, les Etats-Unis menaçant Moscou de sanctions. Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit et demande l’ouverture d’une enquête internationale. Le parquet néerlandais affirmera le 28 septembre 2016 que le missile a bien été tiré depuis le territoire contrôlé par les séparatistes, et que le matériel de tir a été acheminé depuis la Russie. Le 24 mai 2018, les enquêteurs internationaux parviendront à la même conclusion.

5 septembre 2014 : signature du protocole de Minsk

Alors que la situation devient critique jusqu’à la fin du mois d’août 2014 – l’ONU dénombre plus de 1 100 morts et plus de 3 400 blessés en Ukraine seulement entre la mi-avril et la fin du mois juillet 2014, un accord de cessez-le-feu immédiat est conclu dans la capitale biélorusse entre les représentants de l’Ukraine, de la Russie, de la République populaire de Donetsk et de la République populaire de Louhansk : c’est le protocole de Minsk. Mais celui-ci est violé au bout de quelques jours, les combats reprenant sans trêve. De 2014 à 2015, le conflit fait plus de 10 000 morts, des dizaines de milliers de blessés et près de deux millions de personnes déplacées.

11 février 2015 : accord de paix “Minsk II”

Les dirigeants de l’Ukraine, de la Russie, de l’Allemagne et de la France se réunissent de nouveau en Biélorussie avec son chef de l’Etat Alexandre Loukachenko afin d’imposer un nouveau cessez-le-feu, qui doit être effectif à partir du 15 février 2015. En plus du cessez-le-feu, l’accord comprend des mesures telles que le retrait des armes lourdes de chaque côté, l’échange de prisonniers, la restauration des frontières de l’Ukraine ou encore le retrait des troupes étrangères. Mais si les combats d’envergure cessent, des affrontements de moindre ampleur se poursuivent néanmoins dans l’est sécessionniste : le 13 avril 2015, les ministres des Affaires étrangères des quatre pays signataire de “Minsk II” font part de leur inquiétude devant la recrudescence des violations du cessez-le-feu et la constatation de combats autour du port de Marioupol, convoité par les sécessionnistes. Les périodes de trêves succèdent aux combats, avec des cessez-le-feu régulièrement signés mais aussitôt enfreints. A titre d’exemple, le 19 octobre 2016, un nouveau sommet se tient entre Moscou, Kiev, Paris et Berlin, mais l’on constate que le conflit est gelé et qu’il donne lieu à des violences et à des affrontements fréquents dans le Donbass entre l’armée ukrainienne et les séparatistes… De nombreuses violations du cessez-le-feu sont observées.

Les dirigeants présents pour la signature de l'accord de Minsk II le 11 février 2015, de gauche à droite : Alexandre Loukachenko (Biélorussie), Vladimir Poutine (Russie), Angela Merkel (Allemagne), François Hollande (France), Petro Porochenko (Ukraine) - Crédits : Kremlin / Wikimedia Commons
Les dirigeants présents pour la signature de l’accord de Minsk II, de gauche à droite : Alexandre Loukachenko (Biélorussie), Vladimir Poutine (Russie), Angela Merkel (Allemagne), François Hollande (France), Petro Porochenko (Ukraine) – Crédits : Kremlin / Wikimedia Commons

25 novembre 2018 : affrontements en mer Noire entre navires russes et ukrainiens

Les accords de Minsk sont de nouveau fragilisés par un attentat : le séparatiste prorusse Alexandre Zakhartchenko, dirigeant de l’autoproclamée République populaire de Donetsk, est tué par l’explosion d’une bombe le 31 août 2018. Les séparatistes et la Russie attribuent la responsabilité de cet assassinat aux services ukrainiens. Par la suite, le 25 novembre se produit l’incident du détroit de Kertch : la marine russe ouvre le feu sur des navires ukrainiens, qui sont arraisonnés par les Russes, et capture les marins ukrainiens. Moscou affirme que ces navires se trouvaient dans les eaux territoriales de la Crimée. Cet incident illustre le fait que les Russes veulent prendre le contrôle de la mer Noire à proximité de la Crimée et près du port de Marioupol. Le lendemain, M. Porochenko instaure la loi martiale dans les régions frontalières de la Russie pour une durée de 30 jours.

21 avril 2019 : élection de Volodymyr Zelensky à la présidence ukrainienne

Durant sa campagne, l’acteur et humoriste Volodymyr Zelensky fait campagne contre la corruption, tout en affichant une ligne moins virulente que le président sortant Porochenko vis-à-vis de la Russie. Il prône un cessez-le-feu dans le Donbass mais aussi l’organisation d’un référendum sur l’entrée de l’Ukraine dans l’Otan. Elu président le 21 avril 2019, il promet de relancer les discussions diplomatiques avec Moscou au sujet de la guerre du Donbass. Mais trois jours après seulement, Vladimir Poutine autorise la délivrance de passeports russes à des habitants des régions de Donetsk et de Louhansk, une décision qui va à l’encontre des accords de Minsk. Le 1er octobre, les représentants ukrainiens et russes de nouveau réunis en Biélorussie s’accordent sur l’organisation d’élections dans les régions séparatistes d’Ukraine et l’octroi d’un statut spécial aux territoires du Donbass. Le 6 octobre, des manifestations importantes ont lieu à Kiev et dans d’autres grandes villes pour dénoncer ce qui est perçu comme un abandon face à la Russie.

L'inauguration présidentielle de Volodymyr Zelensky le 20 mai 2019 - Crédits : Mykhaylo Markiv / Wikimedia Commons
L’investiture de Volodymyr Zelensky le 20 mai 2019 – Crédits : Mykhaylo Markiv / Wikimedia Commons 

9 décembre 2019 : nouvelle rencontre au “format Normandie”

La première rencontre officielle entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, aux côtés d’Emmanuel Macron et d’Angela Merkel, vise de nouveau à relancer la mise en œuvre des accords de paix “Minsk II”. Les dirigeants russe et ukrainien s’accordent ainsi sur l’échange de tous les prisonniers avant la fin de l’année 2019, sur une démilitarisation de points de la ligne de front et sur l’ouverture de points de passage entre les régions séparatistes et le reste de l’Ukraine. Quelques jours plus tard, le 29 décembre, un échange d’environ deux cents prisonniers a lieu entre Kiev et les sécessionnistes.

Conférence de presse après la réunion au "format Normandie" du 9 décembre 2019, de gauche à droite : Volodymyr Zelensky (Ukraine), Angela Merkel (Allemagne), Emmanuel Macron (France), Vladimir Poutine (Russie) - Crédits : Service de presse du Président de Russie / Wikimedia Commons
Conférence de presse après le “format Normandie” du 9 décembre 2019, de gauche à droite : Volodymyr Zelensky (Ukraine), Angela Merkel (Allemagne), Emmanuel Macron (France), Vladimir Poutine (Russie) – Crédits : Service de presse du Président de Russie / Wikimedia Commons

31 décembre 2019 : accord sur le gaz entre la Russie et l’Ukraine

Signe d’une détente qui se confirme et d’un certain apaisement de leurs relations, Moscou et Kiev concluent un accord pour le transit du gaz russe à travers l’Ukraine, qui garantit l’approvisionnement de l’Europe en gaz pour cinq années supplémentaires. Cet accord avait été auparavant menacé, en 2009, lors d’une crise majeure à ce sujet lorsque Kiev et la société russe Gazprom ne parvenaient pas à se mettre d’accord sur le prix à payer pour le gaz (Gazprom avait alors réduit, puis même stoppé les livraisons de gaz à l’Ukraine). Par ailleurs, la construction du gazoduc Nord Stream 2 reliant la Russie et l’Allemagne à travers la mer Baltique doit permettre l’exportation du gaz russe vers l’Europe, qui en est particulièrement dépendante, par d’autres voies.

22 juillet 2020 : nouvel accord de cessez-le-feu aussitôt rompu

L’Ukraine et la Russie signent un nouvel accord de cessez-le-feu dans le Donbass. Il est cependant violé quelques minutes après son entrée en vigueur le 27 juillet par des tirs provenant des territoires séparatistes contre les militaires ukrainiens.

Avril 2021 : mobilisation de troupes russes aux frontières ukrainiennes

Le 1er avril, le président Volodymyr Zelensky accuse la Russie de masser des troupes aux frontières de l’Ukraine, alors que les violations du cessez-le-feu se multiplient dans le Donbass. Les Occidentaux dénombrent 100 000 soldats russes, des manœuvres que la Russie considère comme une réponse à l’Otan et aux “provocations” ukrainiennes (cela fait notamment référence au fait que l’Ukraine affiche sa volonté d’adhérer à l’Otan). Pour Moscou, en réponse aux accusations de Kiev sur l’hypothèse de la préparation d’une invasion en Ukraine, il s’agit simplement de manœuvres en réponse à des “exercices” de l’Otan et des Etats-Unis en Europe. Le 6 avril, Volodymyr Zelensky change de ton vis-à-vis de la Russie – alors qu’il a un temps prôné le dialogue avec elle – et déclare que l’adhésion de son pays à l’Otan est la seule façon de mettre un terme à la guerre du Donbass. Il se déclare également favorable à une entrée de son pays dans l’Union européenne.

Novembre 2021 : les Occidentaux craignent une offensive russe en Ukraine

Les inquiétudes des Américains et des Européens vis-à-vis des mouvements de troupes russes s’accroissent. Ils craignent un risque imminent d’escalade et d’invasion en Ukraine. En effet, des images satellites publiées début novembre montrent des chars russes et autres véhicules blindés à proximité de la frontière ukrainienne. Pour se défendre de ces mouvements de troupes, le président Vladimir Poutine accuse les Occidentaux de livrer des armes à Kiev et de mener des manœuvres militaires en mer Noire.

7 décembre 2021 : échange entre Joe Biden et Vladimir Poutine

Le 7 décembre, lors d’un échange avec le président américain Joe Biden, le président russe dénonce la volonté de Kiev de rejoindre l’Otan, et demande des “garanties juridiques sûres” contre l’élargissement de l’Alliance atlantique en Ukraine. La Russie exige ainsi à la fois le bannissement de tout nouvel élargissement de l’Otan et le retrait de ses forces dans les pays de l’ex-URSS. Joe Biden, qui se dit prêt à s’impliquer dans la réactivation des accords de Minsk (dont le processus de règlement est à l’arrêt depuis fin 2020), prévient néanmoins qu’une offensive militaire russe entraînerait de lourdes sanctions ainsi qu’un renforcement du soutien américain à l’Ukraine, aux pays baltes, à la Pologne et à la Roumanie.

16-17 décembre 2021 : les Vingt-Sept font front commun face à la menace russe

Le 17 décembre, Moscou publie deux projets de traités en vue d’être signés avec les Etats-Unis et l’Otan, dont les revendications sont les suivantes : les pays membres de l’Otan avant son élargissement en 1997 doivent s’engager à ne pas déployer d’armes sur d’autres territoires européens à l’est ; l’Otan doit s’engager à n’intégrer ni l’Ukraine, ni la Géorgie. De leur côté, les Européens s’entretiennent aussi diplomatiquement avec la Russie mais se montrent fermes et la menacent de nouvelles sanctions économiques qui auront de “lourdes conséquences” en cas de nouvelle agression militaire de l’Ukraine. Lors du Conseil européen des 16 et 17 décembre, les Vingt-Sept réaffirment la souveraineté du pays et leur soutien. Par ailleurs, lors de la rencontre des ministres européens de la Défense et des Affaires étrangères du 12 au 14 janvier 2022, le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borell déclare que les revendications russes pour résoudre le conflit contreviennent aux principes de l’architecture de sécurité européenne.

24-26 janvier 2022 : réponses occidentales aux revendications russes

Entretemps, l’Otan annonce placer des troupes en alerte pour renforcer ses défenses en Europe de l’Est. Le 24 janvier, le président américain Joe Biden assiste à une réunion en visioconférence avec plusieurs dirigeants européens. A l’issue de cette discussion, les Occidentaux appellent la Russie à prendre des mesures de désescalade dans le conflit ukrainien, rappelant que Moscou devra faire face à des “conséquences massives” si elle attaquait à nouveau l’Ukraine. Face aux exigences russes de retrait des forces de l’Otan d’Europe orientale et de l’assurance que l’Ukraine ne rejoindra jamais l’Alliance atlantique, cette dernière ainsi que les Etats-Unis refusent explicitement ces demandes le 26 janvier 2022. Le secrétaire général de l’Otan rappelle que les questions d’adhésion relevaient uniquement de la responsabilité des Alliés et des pays candidats.

Début février 2022 : la France et l’Allemagne tentent d’apaiser les tensions et un espoir de désescalade s’ensuit

Une nouvelle étape dans le dialogue a lieu d’abord le 7 février lorsque le président Emmanuel Macron rencontre Vladimir Poutine pour discuter de solutions afin de résoudre la crise. Les deux dirigeants affichent alors leur volonté commune d’éviter la guerre et de trouver des compromis. Le chef d’Etat français propose des garanties concrètes de sécurité, dont certaines sont jugées bonnes par le président russe. De la même façon, le chancelier allemand Olaf Scholz se rend à Kiev le 14 février et à Moscou le 15 février pour tenter d’obtenir de la part de Moscou des actes immédiats de désescalade. Alors que la situation paraît très tendue, et que les services secrets américains redoutent une offensive russe le 16 février, Moscou annonce la veille contre tout attente le retrait de militaires russes positionnés à la frontière entre la Biélorussie et l’Ukraine. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avertit tout de même le 16 février que l’Otan ne voit pas encore de signes de réduction des troupes russes et que si Moscou choisissait la violence, les Européens répondraient de manière unie et forte.

21 février 2022 : la Russie reconnaît l’indépendance de Donetsk et de Louhansk et entre sur les territoires séparatistes

Alors que la présidence de la République française annonce le 20 février 2022 que les présidents russe et américain avaient accepté de se rencontrer, Vladimir Poutine signe finalement l’acte de reconnaissance le lendemain des deux territoires séparatistes du Donbass en Ukraine : la République populaire de Donetsk et la République populaire de Louhansk. Dans la nuit du 21 au 22 février, des véhicules blindés et des troupes russes pénètrent dans l’est de l’Ukraine sous couvert de maintien de la paix. L’Europe, les Etats-Unis, l’ONU et la majorité des membres du Conseil de sécurité condamnent cette décision de la Russie, considérée comme une violation du droit international. Les Etats-Unis et l’Union européenne annoncent de nouvelles sanctions à l’encontre de Moscou et la mise en service du gazoduc Nord Stream 2 est suspendue par l’Allemagne. L’Union européenne décide sans attendre de cibler la capacité de la Russie à accéder aux marchés des capitaux et services financiers européens ainsi que les banques qui ont contribué à financer les opérations militaires russes dans le Donbass.

24 février 2022 : la Russie attaque l’Ukraine, l’UE réplique par de lourdes sanctions

Le 24 février, une étape sans précédent est franchie par la Russie. Vladimir Poutine annonce en effet une opération militaire d’envergure sur le territoire ukrainien dans l’objectif, selon lui, de défendre les séparatistes du Donbass. Cette fois-ci, Moscou ne s’arrête pas à l’est de l’Ukraine puisque de puissantes explosions frappent plusieurs grandes villes, et notamment la capitale Kiev. Suite à cette déclaration de guerre, le président Volodymyr Zelensky instaure la loi martiale dans son pays et la communauté internationale condamne cette agression inédite. Dans la foulée, des dizaines de milliers d’Ukrainiens se pressent aux frontières et tentent de fuir leur pays. Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE se réunissent le 24 février au soir pour un Conseil européen extraordinaire. Face à Moscou, les Vingt-Sept se mettent d’accord sur les mesures de rétorsion les plus sévères jamais mises en œuvre par l’Union européenne : sanctions financières réduisant l’accès aux marchés de capitaux européens (pour atteindre le marché bancaire russe et les principales entreprises publiques), interdiction d’exportation touchant le pétrole ou encore gel des avoirs de Vladimir Poutine…

28 février 2022 : l’Ukraine fait une demande d’adhésion à l’UE

Alors que l’objectif d’une intégration à l’UE est inscrit dans la constitution ukrainienne depuis février 2019, et que le président Volodymyr Zelensky exhorte depuis plusieurs mois les Européens à faire adhérer l’Ukraine à l’UE, Kiev signe officiellement une demande d’adhésion. Un jour plus tôt, Ursula von der Leyen s’est prononcée en faveur de cette perspective d’adhésion à terme de l’Ukraine : “ils sont des nôtres et nous les voulons parmi nous”. La demande formelle d’entrée de l’Ukraine dans l’UE est signée par Volodymyr Zelensky, le Premier ministre Denys Chmyhal et le président du Parlement Rouslan Stefantchouk. Le chef d’Etat ukrainien souhaite une intégration “sans délai” via “une nouvelle procédure spéciale” pour bénéficier de ce statut qui assurerait une protection à son pays. A ce sujet, le président du Conseil européen Charles Michel explique qu’un avis officiel de la Commission ainsi qu’un accord unanime des Vingt-Sept sont nécessaires. Le lendemain, le 1er mars, Volodymyr Zelensky s’exprime devant le Parlement européen en visioconférence. Il appelle l’UE à “prouver” qu’elle soutient son pays. “L’Ukraine a fait son choix : le choix de l’adhésion à l’Europe. Et je voudrais qu’aujourd’hui vous confirmiez le choix de l’Europe d’accepter l’Ukraine. […] Sans vous, l’Ukraine sera seule. Nous avons prouvé notre force, nous avons montré que nous sommes vos égaux.”, déclare M. Zelensky. Son allocution est saluée par une ovation des eurodéputés, qui approuvent très majoritairement (637 voix pour, 13 contre et 26 abstentions) une résolution demandant “aux institutions de l’Union de faire en sorte d’accorder à l’Ukraine le statut de candidat à l’Union européenne”.

16-17 mars 2022 : la Russie est exclue du Conseil de l’Europe et est accusée de “crimes de guerre”

Alors qu’elle avait déjà été suspendue du Conseil de l’Europe au lendemain de l’offensive menée contre l’Ukraine, la Fédération de Russie est exclue le mercredi 16 mars de l’organisation internationale en raison de son “agression injustifiée et non provoquée”. Avant cette exclusion, la Cour de Strasbourg comportait 47 pays comptant 830 millions de personnes. A partir de cette date, les citoyens russes n’ont donc plus accès à la Cour européenne des droits de l’homme pour protéger leurs droits fondamentaux.

24-25 mars 2022 : sommets de l’Otan, du G7 et de l’UE pour répondre à la guerre en Ukraine

Une importante séquence diplomatique s’ouvre en Europe avec la juxtaposition de sommets de l’Otan et du G7 le 24 mars à Bruxelles, puis le Conseil européen les 24 et 25 mars, également dans la capitale belge. Des réunions auxquelles participe le président américain Joe Biden.

Le sommet de l’Alliance atlantique est l’occasion de discuter des moyens mis en place pour mieux prévenir la menace russe en Europe ainsi que de l’aide militaire fournie à l’Ukraine. Les dirigeants des 30 pays membres de l’Otan entérinent la création de quatre nouveaux groupements tactiques à l’est de l’Europe. Des forces opérationnelles seront ainsi déployées en Roumanie, en Bulgarie, en Hongrie et en Slovaquie. Les alliés conviennent en outre d’envoyer des équipements à l’Ukraine pour la protéger des risques “NRBC” : nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques.

Plus tard dans la journée du 24 mars, les pays membres du G7 se disent prêts à mettre en œuvre des sanctions supplémentaires contre la Russie, et indiquent qu’ils sanctionneront les transactions qui impliquent les réserves d’or de cette dernière, afin de l’empêcher de contourner les mesures restrictives déjà en vigueur.

Enfin, le Conseil européen, qui se tient après les sommets de l’Otan et du G7, voit les chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Sept adopter la boussole stratégique, “livre blanc” visant à définir les grandes orientations de la sécurité et de la défense européennes jusqu’en 2030. Un document qui témoigne de la volonté des Etats membres de renforcer la protection de l’UE face aux menaces externes, dont celles de la Russie. Pour réduire leur dépendance énergétique vis-à-vis de Moscou et l’isoler davantage, les Européens s’accordent pour signer un nouveau partenariat avec les Etats-Unis afin d’importer davantage de gaz naturel liquéfié américain. La Commission européenne reçoit aussi mandat des Vingt-Sept pour réaliser des achats groupés de gaz, pour limiter son coût en Europe. Dans leurs conclusions, les pays de l’UE affirment par ailleurs leur détermination à assurer l’approvisionnement en gaz et en électricité de l’Ukraine.

4 avril 2022 : après la découverte des massacres de Boutcha, l’UE veut prendre de nouvelles sanctions

Lors du week-end des 2-3 avril, les Russes redéploient leurs troupes du nord vers l’est et le sud de l’Ukraine. Les Ukrainiens reprennent contrôle de la totalité de la région de Kiev, selon la vice-ministre ukrainienne de la Défense.

Le monde découvre alors avec effroi les images de centaines de civils morts et éparpillés dans les rues de la ville de Boutcha, au nord-ouest de Kiev. Le gouvernement ukrainien dénonce un “massacre […] délibéré”, Londres et Madrid réclament une enquête pour “crimes de guerre”, tandis que le président du Conseil européen dénonce les “atrocités” commises par l’armée russe et assure que “l’UE aide l’Ukraine et les ONG à rassembler les preuves nécessaires aux poursuites devant les tribunaux internationaux”. Ce dernier réclame, comme plusieurs dirigeants européens à sa suite (Allemagne, France, Espagne, Pologne…), un renforcement des sanctions à l’encontre de Moscou. Les Etats baltes annoncent par ailleurs cesser d’importer du gaz naturel russe.

Le lundi 4 avril, le haut représentant de l’UE Josep Borrell “condamne” à son tour “les atrocités rapportées commises par les forces armées russes dans plusieurs villes ukrainiennes occupées, qui ont maintenant été libérées”. L’Union européenne annonce alors travailler “en urgence” sur de nouvelles sanctions à l’encontre de la Russie.

De son côté, Moscou nie la version des faits et demande une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, afin de statuer sur les “provocations haineuses” commises selon elle par l’Ukraine dans le territoire de Boutcha.

7 avril 2022 : accord des Vingt-Sept sur la cinquième salve de sanctions européennes contre Moscou

Après plusieurs jours de discussions, faisant suite aux propositions de la Commission européenne, les Vingt-Sept s’accordent le jeudi 7 avril pour un cinquième train de sanctions à l’encontre de la Russie. La découverte des dizaines de civils morts à Boutcha a poussé les Européens à renforcer leur réaction face à la guerre en Ukraine. Ainsi, pour la première fois, une mesure concernant l’énergie est prise : celle d’un embargo sur le charbon russe. En revanche, aucune mesure n’est adoptée sur le gaz et le pétrole, alors que le Parlement européen vote (à la très grande majorité : 513 eurodéputés pour, 22 contre et 19 abstentions) lors de la même journée du 7 avril une résolution réclamant l’imposition d’un embargo “total et immédiat” sur les importations “de pétrole, de charbon de combustible nucléaire et de gaz” russes.

En plus de cette sanction sur le charbon, les ports de l’Union sont désormais fermés aux navires russes, ainsi que les routes européennes pour les transporteurs russes et biélorusses. Des interdictions d’exportations vers la Russie, notamment de biens de haute technologie, mais aussi de nouveaux gels d’avoirs de banques russes sont également décidées. D’autres mesures restrictives visant des oligarques et des membres de l’appareil sécuritaire et militaire du secteur industriel et technologique russe sont arrêtées. Enfin, dans le cadre de la Facilité européenne pour la paix, l’UE propose d’augmenter encore de 500 millions d’euros le financement d’envoi d’armes à l’Ukraine, pour porter l’aide militaire européenne à un total de 1,5 milliard depuis le début de la guerre.

13-15 avril 2022 : la Finlande et la Suède se dirigent vers une adhésion à l’Otan et un grand navire russe coule

Le mercredi 13 avril, les Premières ministres suédoise et finlandaise, Magdalena Andersson et Sanna Marin, se retrouvent pour évoquer la possible adhésion de leur pays à l’Alliance atlantique dans les prochains mois. Historiquement neutres, les deux Etats scandinaves repensent leur doctrine suite au déclenchement de la guerre en Ukraine et face à la menace russe. Concernant le soutien des populations à cette potentielle adhésion à l’Otan, Sanna Marin déclare que “l’état d’esprit des Finlandais comme des Suédois s’est transformé radicalement à cause des actes de la Russie”. Le processus d’adhésion étant enclenché en Finlande à partir de ce jour, cela représente un revers important pour Vladimir Poutine.

Face à cet échec géostratégique, le Kremlin réagit, notamment par la voix de son ancien président Dmitri Medvedev. Celui-ci fait clairement savoir que Moscou renforcerait ses moyens militaires en mer Baltique en cas d’adhésion des deux pays scandinaves à l’Otan. M. Medvedev prévient que, si cette hypothèse venait à se confirmer, “les frontières de l’Alliance [atlantique] avec la Russie ferait plus que doubler” et qu’il faudrait les défendre, notamment en déployant des missiles et des armes nucléaires aux portes de la Finlande et de la Suède.

Sur le plan du conflit en Ukraine, les troupes russes essuient un spectaculaire coup dur. Alors que les fronts de la guerre n’évoluaient pratiquement plus depuis plusieurs jours, la flotte du Kremlin subit la perte du Moskva, son principal croiseur, le jeudi 14 avril. Ce navire était l’un des fleurons de la marine russe et était extrêmement puissant. Les Ukrainiens affirment avoir touché le croiseur avec des missiles tandis que les Russes évoquent un incendie à bord… Cet événement fait craindre une nouvelle escalade dans le conflit. En grande difficulté sur le plan militaire, le président Vladimir Poutine pourrait céder à l’utilisation d’armes nucléaires tactiques, c’est en tout cas ce que craignent les renseignement américains.

18-19 avril 2022 : une nouvelle offensive russe d’ampleur débute dans l’est de l’Ukraine

Le 18 avril, le président ukrainien Volodymyr Zelensky annonce que l’offensive russe prévue depuis plusieurs jours dans l’est du pays a démarré. “Nous pouvons maintenant affirmer que les troupes russes ont commencé la bataille pour le Donbass, pour laquelle elles se préparent depuis longtemps”, affirme-t-il. Mais “peu importe combien de soldats russes sont amenés jusqu’ici, nous combattrons. Nous nous défendrons”, poursuit-il ensuite. Même son de cloche dans la ville de Marioupol, cible d’attaques ininterrompues depuis le début de la guerre, où les derniers résistants rejettent l’ultimatum russe qui exige que les Ukrainiens déposent les armes. Les défenseurs de Marioupol se disent prêts à poursuivre les combats “jusqu’au bout”.